vendredi 16 septembre 2016

Lithium


" Elle, vingt-trois ans, enfant de la consommation et des réseaux sociaux, noie ses craintes dans l'alcool, le sexe et la fête, sans se préoccuper du lendemain, un principe de vie. Il vient de terminer ses études et travaille sans passion dans une société où l'argent est roi. Pour eux, ni passé ni avenir. Perdus et désenchantés, deux jeunes d'aujourd'hui qui cherchent à se réinventer. " 
 

Ce que j'en ai pensé...

__Tout d’abord, je tiens à remercier les éditions Albin Michel pour l’envoi de ce livre.
__Que ce soit le résumé ou la couverture, tout m’attirait dans ce roman et je ne suis absolument pas déçue puisque j’ai adoré du début à la fin.
On suit deux personnages Elle et Lui, dont on ne connaîtra pas les prénoms, sur l’espace d’une semaine. On vit chaque jour avec eux en alternance. On a donc leurs deux points de vue sur la même journée. Même quand ils en viennent à se rencontrer, on a la même journée de leurs deux points de vue. Cela donne une vraie valeur ajoutée à ce livre et c’est vraiment ça, en plus du style totalement abouti, qui m’a plu.
__Elle bosse à la radio, un job dont elle rêvait depuis toujours mais qui, finalement, ne la comble pas au quotidien. Accro aux réseaux sociaux, elle noie ses craintes dans l'alcool et le sexe. Son boulot à lui, c’est arnaquer des gens de façon totalement légale. Tout comme elle, il ne s’épanouit pas dans son travail, loin de là. Leurs échappatoires sont donc les soirées, où l’alcool et les joints sont consommés sans modération. Véritable reflet de la jeunesse Y, ils sont tous deux en quête de repères et surtout, d’un sens à leur vie. 
__Je me suis vraiment attachée à ces deux personnages dont, au final on ne sait quasiment rien. Finalement, pas besoin d'en savoir plus, l'essentiel est là. Ils sont un peu perdus, ne se projettent pas dans l'avenir, vivent au jour le jour. Ils nous ressemblent, en tout cas ils me ressemblent, sur certains points. Je n'avais vraiment pas envie de les quitter et j'ai adoré cet épilogue, qui ne m'a nullement déçue.
__Aurélien Gougaud, du haut de ses 25, frappe fort pour un premier roman. Assurément c’est un auteur que je vais suivre de près tant ce livre m’a plu et m’a marqué. Le style nerveux, sans complaisance, ainsi que le regard acerbe qu’il jette sur la jeunesse d’aujourd’hui est terriblement réaliste, vraiment plaisant à suivre et à lire.  



 " On verra bien, c'est aussi refuser la trajectoire classique où tout se règle sur l'ascension sociale et l'accomplissement de la progéniture. Un salaire, devenu loyer, un amour, devenu foyer, être fille, devenir femme, être enceinte, devenir mère, grand-mère s'il le faut... De "moi, je suis", passer à "nous, on est", finir en "eux, ils sont", comme la juste harmonie d'une vie que l'on trouvera trop courte, quelle qu'en soit la durée. Elle, elle méprise ce schéma. Affirmée dans sa négation, rassurée par sa peur de la banalité, elle prétend valoir mieux que toute cette classe moyenne qui ne pense qu'à préserver le confort dans lequel elle a grandi. C'est probablement faux, mais qu'importe, ce n'est pas grave. Lorsque l'on parle de soi, le vrai n'est que du faux bien vendu."
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" C'est vrai qu'elle a toujours eu cette tendance narcissique à ne relativiser que lorsqu'il s'agissait des autres. Elle rit car elle en a conscience. Malgré cela, à peine entrée dans son hall d'immeuble, les larmes remontent à la surface. C'est tout son être qui est remis en question. On est ce que l'on fait. Au pire, ce que l'on souhaite faire. Que faire quand on ne sait plus ?" 
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"Elle proteste vainement, finit par abdiquer. C'est tellement plus simple de sécher ses larmes sur une épaule familière. Ils s'endorment dos à dos, s'effleurent, se confondent finalement, comme si la déception des cœurs cédait sous l'attraction des corps. La nuit sera plus tolérable. Ne serait-ce que grâce à ces vingt longues minutes, aussi intenses que douloureuses. Ça ne change rien, murmure-t-elle dans un souffle. Aucune importance. Il n'avait pas peur de la perdre, juste de ne plus la posséder. Il n'a pas besoin d'elle, mais ne peut accepter la réciproque. La sentir vulnérable malgré la distance, matérialiser un souvenir agréable comme l'on garde, dans le fond d'un tiroir, un beau vêtement devenu trop petit. C'est aussi ça, l'amour. L'amour des dominants. Laisser une trace. Peu importe le reste. On existe aussi par le mal qu'on fait aux autres. C'est comme ça.
Il existe."
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