Nombre de page : 229
Genre : Contemporain
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Lu en : Janvier 2016
" "J'ai rencontré Reda le soir de Noël 2012, alors que je rentrais chez moi après un repas avec des amis, vers quatre heures du matin. Il m'a abordé dans la rue et j'ai fini par lui proposer de monter dans mon studio. Ensuite, il m'a raconté l'histoire de son enfance et celle de l'arrivée de son père en France, son père qui avait fui l'Algérie. Vers six heures du matin, il a pris plusieurs de mes affaires, il a sorti un revolver et il a dit qu'il allait me tuer. Il m'a insulté, frappé, violé. Le lendemain les démarches médicales, policières et judiciaires ont commencé, qui, plus qu'elles ne réparent la violence, la prolongent et l'aggravent." "
Ce que j'en ai pensé...
__Après avoir passé la soirée de Noël avec ses amis, Édouard rentre chez lui avec un seul programme en tête : lire les livres qu'ils lui ont offert. Mais il va croiser la route de Reda et il va se laisser convaincre de le laisser monter chez lui afin de finir la soirée. Si au début tout se passe pour le mieux, ça va vite tourner au cauchemar pour Édouard. S'en suivront les démarches médicales, policières...
__La façon de narrer l'histoire m'a énormément plu. Les faits nous sont racontés par le biais du discours de sa sœur, Clara. Elle raconte ce qui s'est passé à son mari. Le langage est donc familier, plus oral et empli de digressions (qui ne m'ont aucunement dérangé, bien au contraire), à la différence de celui d’Édouard, qui est soutenu et plus travaillé. Édouard fait de brèves apparitions dans le récit de sa sœur et j'ai adoré cette façon de faire. Dans le dernier quart du livre, il reprend la main sur son texte, petit à petit le discours de sa sœur s'efface pour laisser toute la place à celui d’Édouard. J'ai adoré cette façon de faire car j'ai eu l'impression que les discours étaient le reflet de l'état d'esprit d’Édouard. En effet, le moment où il reprend la main sur son texte correspond au moment où il reprend la main sur sa vie. Le fait de se faire côtoyer deux discours complètement différent est aussi très intéressant.
__Comme c'était le cas pour son précédent livre, on est toujours dans la veine autobiographique. Ce qu'il nous livre ici est, encore une fois, très touchant et marquant. Bien que ce qu'il raconte est vraiment atroce, il ne tombe ni dans le larmoyant ni dans le pathos, au contraire. Edouard Louis pose un regard sur lui et sur ce qui s'est passé sans concession et avec beaucoup de recul.
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" [...] je sais maintenant qu'il n'y a rien de commun entre ces deux choses qu'on appelle du même mot : "parler", que parfois ce qu'on appelle parfois parler est plus proche de souffrir, se taire, de vomir que de parler, je sais aujourd'hui que le langage ment [...] "
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